Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
L'Ange de la Montagne 1958-2018

Retour sur le parcours du Tour de France 1958 soixante ans après

Epilogue : un beau jubilé !

 Je rédige les lignes qui suivent le 31 décembre 2018. A quelques heures du changement d'année, je me retourne vers celle qui est en passe de s'écouler, et au cours de laquelle j'ai passé le cap des soixante ans.

Je revois toutes les célébrations qui ont égrené cette année mémorable :

- le jour même de mon soixantième anniversaire, le 3 février à Bruxelles, avec mon épouse Nicole, mon fils Paul et Priya qui est devenue ma belle-fille en juin, et ma fille Léa ;

- au weekend du 8 mai dans le piémont pyrénéen près de Saint-Gaudens, avec les mêmes, un de mes frères et mes deux sœurs (et les conjoints et enfants), ainsi que mes parents ;

- toujours en mai, mais au weekend de la Pentecôte, chez mon frère Bruno et ma belle-sœur Maryse dans l'Hérault, puis le lendemain chez mon autre frère Denis et mon autre belle-sœur Ruta dans le Gard ; 

- en juin à Paris avec les amis, dont Jacques qui m'a hébergé à  Toulouse, mon collègue Jean-Paul et son épouse Michelle qui le feront en septembre pour la deuxième tentative de l'ascension du Mont Ventoux, et Christine et Denis qui nous accueilleront à leur tour à la Toussaint dans leur maison de la Nièvre ;

- en juillet dans la maison de ma belle-mère dans le Vaucluse, à l'occasion du premier passage au Mont Ventoux, avec la famille de Nicole ;

- enfin le 11 novembre, jour du final de mon périple cycliste, au Parc des Princes à Paris, avec une vingtaine d'amis et parents, pour une cérémonie protocolaire d'arrivée bien loufoque qui j'espère aura réjoui les participants, et surtout les aura réchauffés car la météo n'était pas de notre côté ce jour-là.  

Un beau défi sportif

 

Au cours de cette année, j'ai parcouru 12 200 kilomètres à vélo, dont 5 300 dans le cadre de mon Tour de France de 1958. Le long des vingt-quatre étapes et des rattrapages d'automne, j'ai passé l'équivalent de 11 jours et 6 heures sur mon vélo, et escaladé l'équivalent de 53 kilomètres de dénivelé. J'ai parcouru les routes de France à un train de sénateur : 19,7 km/h sur l'ensemble du parcours.

J'ai aimé les longues étapes en ligne, où l'on se voit avaler les kilomètres les uns derrière les autres sans avoir l'impression de forcer, et où l'on ressent seulement à l'arrivée une saine fatigue. J'ai été stimulé par le défi de devoir atteindre le terme d'une étape  dans l'horaire requis pour attraper le train me permettant de rentrer à Paris (comme ici à Bordeaux).

En montagne, je me suis senti bien dans les Pyrénées. Il est vrai que les étapes n'étaient pas monstrueuses : Soulor-Aubisque dans la treizième étape, Aspin-Peyresourde dans la quatorzième, Portet-d'Aspet dans la quinzième.

.En revanche, j'ai gravement souffert dans les Alpes, à commencer par le Mont Ventoux dont j'ai fini l'ascension en poussant le vélo. Il n'y a qu'un seul col vraiment dur que j'ai réussi à escalader sans mettre pied à terre : le col Luitel dans la mythique étape de la Chartreuse. Mais pour le reste, Foureyrasse dans la dix-neuvième étape, Vars et Izoard dans la vingtième, Porte dans la vingt-et-unième, ont été des calvaires. Ce Tour de France m'a ainsi fait retoucher des limites que je pensais encore pouvoir outrepasser à soixante ans : j'aurais évidemment préféré retarder le moment de ce début de déchéance physique, mais je me console en considérant que j'ai bien mérité, par mon obstination, le respect de la famille du cyclisme !

Le Tour de la France

Mais je n'ai pas fait qu'avaler des kilomètres et grimper du dénivelé : j'ai parcouru la France, et aussi la Belgique et même quelques kilomètres de Hollande, et cela aussi est une expérience mémorable.

 

 

 

J'ai revu avec plaisir des paysages familiers, dans les Pyrénées, les Cévennes et les Alpes. Mais j'ai eu plus d'intérêt encore à découvrir des paysages inconnus de moi, comme dans les Flandres belges.

 

 

 

Ou que j'avais oubliés, comme en Bretagne où je n'étais plus venu depuis au moins vingt ans (et où il fait beau en avril : effet du changement climatique ?).

 

 

Je me suis attaché au petit et au grand patrimoine de la France, dont la diversité est une richesse inestimable.

J'ai eu une tendresse particulière pour les vaches, quelles qu'en soient les races et elles sont nombreuses, que j'ai croisées sur mon parcours, et qui contribuent, par le soin que leur portent les éleveurs, à ce que nos paysages soient habités.

Le cyclisme est une école de géographie. On roule assez lentement pour habiter le paysage, et l'observer plus attentivement que dans l'habitacle d'une voiture. Mais on parcourt suffisamment de distance dans une journée, contrairement à la marche à pied, pour saisir les différences entre deux vallées, deux climats, deux cultures.

Je pense ne pas être le seul cycliste qui apprécie, après l'effort d'une journée de vélo, de se retaper avec de la nourriture solide. C'est aussi un plaisir de cette traversée de la France que d'y avoir l'occasion de goûter à une variété d'excellents produits.

Je n'ai pas vu la France délaissée qui s'est exprimée en fin d'année sur les ronds-points. J'ai bien sûr mon panthéon des régions que j'ai traversées, et j'ai pu sentir que toutes ne brillent pas par le même dynamisme. Mais globalement j'ai eu le sentiment que la France est un pays bien aménagé et qui sait mettre en valeur  son patrimoine naturel et culturel. Mais il est vrai que j'ai surtout parcouru la France par ses bordures, et qu'il se peut qu'il en aille différemment dans la France plus intérieure.

La seule chose qui m'a heurtée, c'est l'état de défiguration de beaucoup des centres des villes moyennes, du fait de travaux d'aménagement colossaux. J'en ai pris conscience en traversant Briançon, et j'ai émis l'hypothèse que cette dévastation était liée au cycle politique local - les élus locaux passant en 2018 à la phase opérationnelle de leurs projets urbains, pour qu'ils soient achevés lors la remise en jeu de leurs mandats en 2020 -, aggravé par le nombre considérable des alternances municipales qui se sont produites en 2014.

Une expérience de vie

Avant et pendant mon parcours, je me suis demandé si je n'étais pas dingue de l'entreprendre. Presque à chaque fois que je faisais part de mes doutes à des interlocuteurs, ils ont applaudi à mon projet (seulement une fois, entre le Mont Saint-Michel et Saint-Brieuc, un cycliste breton avec lequel j'ai pédalé pendant quelques kilomètres, avait l'air de trouver mon idée singulière : "on voit des choses bizarres le long des routes"). Je remercie en particulier ma famille et mes collègues - du moins ceux auxquels je me suis ouvert de mon entreprise - qui m'ont soutenu sans relâche.

L'exercice physique et mental que j'ai réalisé sur moi tout au long de cette année, chacun peut le faire à force de détermination. Je laisse ce blog à ceux qui me suivront et qui me survivront, en espérant qu'ils y trouveront à leur tour une leçon de volonté.

C'est finalement en contemplant ce que je transmets au travers de ces lignes que je pense m'être offert, en 2018, un beau jubilé !

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article