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L'Ange de la Montagne 1958-2018

Retour sur le parcours du Tour de France 1958 soixante ans après

1ère étape : Bruxelles - Gand (3-4 février 2018)

En route pour Bruxelles

L'aventure de ce Tour de France 1958 soixante ans après peut donc commencer.

Vendredi 2 février en fin d'après-midi, nous nous sommes mis en route pour Bruxelles. Dans la voiture : mon épouse Nicole, mon fils Paul, ma prochaine belle-fille Priya, ma fille Léa, le vélo Bianchi, et moi.

Sans trop d'encombres nous arrivons à Bruxelles vers 20 h 30. Nicole a réservé un appartement à Uccle, au sud de Bruxelles. Il est l'arrière d'une résidence : spacieux (trois chambres, un séjour et une grande cuisine), et meublé avec beaucoup de goût (avec de nombreuses évocations de l'Extrême-Orient). Un très bon choix.

Nous posons rapidement nos bagages, et repartons vers le centre ville de Bruxelles. Près de la Grand-Place, rue des Chapeliers, nous trouvons une brasserie, la Brasserie de la Ville, où nous commandons tous des moules frites. Elles sont excellentes, et le personnel est très attentionné.

Je trouve l'occasion de présenter à la patronne mon projet de parcours cycliste sur les traces du Tour de France 1958. Elle me manifeste son enthousiasme, et, ni une ni deux, nous offre une tournée de genièvre. Un cadeau bien apprécié... Une bien bonne adresse que cette Brasserie de la Ville, à recommander.

Avant de retrouver nos quartiers d'Uccle, nous déambulons dans le centre de Bruxelles : un tour sue la Grand-Place, et un petit salut au Manneken Pis un peu plus loin.

 

Le grand départ

Samedi matin 3 février, après un solide petit-déjeuner, nous partons en groupe vers le départ de la première étape, le stade du Heysel dans le nord de Bruxelles. Mais nous nous égarons et n'arrivons que vers 10 h 15.

Cela mérite une explication. Le stade du Heysel a connu un drame en 1985, lors d'un match de football entre Liverpool et la Juventus de Turin. En 1995, deux ans après la disparition du roi Baudouin, il a été décidé de rebaptiser le stade du nom du souverain défunt. Nous avons fait l'erreur de suivre au GPS la direction de la rue du Heysel, qui passe en fait assez loin du stade. C'est L'Equipe du 26 juin 1958 qui nous a remis sur la bonne voie : elle précisait que le peloton débutait le parcours du Tour de France en empruntant le boulevard Houba de Strooper. C'est en trouvant cette artère que nous nous sommes finalement remis sur le chemin du stade Roi Baudouin.

J'équipe le vélo (GPS, sacoche, bidons) et je me protège de la pluie qui menace (coupe-vent, sur-chaussures). A 10 h 30 je suis prêt à partir. C'est à cet instant que ma famille me réserve une surprise : une banderole pour m'encourager, avec les mots : "En jaune à Paris". Un bon moment de rigolade... Merci à Léa d'en avoir eu l'idée.

Le parcours de la première étape

La première étape du Tour de France 1958, entre Bruxelles et Gand, empruntait un parcours pour le moins sinueux.

Le peloton commençait par traverser Bruxelles en convoi du nord au sud, jusqu'à l'hippodrome de Boitsfort où la course proprement dite commençait. Elle continuait vers le sud, passait brièvement en Flandres, puis en Wallonie pour une trentaine de kilomètres. A Wavre, le parcours vire à 180 degrés, vers le nord, pour entrer à nouveau en Flandre avant Louvain. Ensuite, cap au nord-ouest vers Malines, puis plein ouest jusqu'à Termonde. La route oblique alors au sud-ouest jusqu'à Ninove. Quelques kilomètres plus loin, demi-tour en direction du nord-ouest jusqu'à Gand.

Cet itinéraire totalise 184 km à partir du départ officiel de la course. Pour moi, c'est trop pour une seule journée, surtout commençant à 10 h 30. je compte donc fractionner son parcours en deux sections :

- samedi 3 février : Bruxelles - Malines (71 km) ;

- dimanche 4 février : Malines - Gand (113 km).

Première partie (samedi 3 février) : Bruxelles - Malines

Au moment où je m'élance du stade Roi Baudouin, la pluie commence à tomber, et elle m'accompagnera par intermittences nombreuses pendant une bonne partie de l'étape. La traversée de Bruxelles, par de larges boulevards, se fait sans encombres, grâce à un réseau remarquable de pistes cyclables (j'y reviendrai plus loin dans cet article). Je marque un arrêt au plais royal de Laeken, où les coureurs, et pas seulement les champions belges, ont sûrement levé leur casquette en l'honneur du souverain il y a soixante ans.

Je continue jusqu'à l'hippodrome de Boitsfort, point de départ de la course proprement dite. Il n'y a pas grand-chose à voir, car il est en travaux.

 

 

 

Je poursuis mon trajet vers le sud, et je me perds un peu entre Hoeillart et Overijse : la faute des indications sur la piste cyclable, et de ma maîtrise insuffisante de la gestion des parcours sur mon GPS.

C'est bien dommage, car si j'avais suivi le bon chemin, j'aurais eu une autre belle surprise : des encouragements tracés à la peinture par ma famille qui m'avait précédé en voiture. Mais c'est l'intention qui compte, et je suis très sensible à ces marques d'affection.

Le parcours passe en Wallonie, sous un ciel toujours aussi peu clément. Cependant, de petites ascensions aident à surmonter la mélancolie qui pourrait gagner le cycliste trempé.

Après une cinquantaine de kilomètres (depuis le grand départ, 35 km depuis l'hippodrome), la route repasse en Flandres, dans lesquelles, à part une micro-incursion aux Pays-Bas lors de la 2ème étape, je resterai jusqu'à l'entrée en France.

 

Le parcours atteint rapidement Louvain, une belle ville universitaire. Mais, comme il est déjà 15 heures, je n'ai pas le temps de m'y attarder : juste le temps d'avaler une saucisse-oignons - mayonnaise.

Les 22 kilomètres qui restent jusqu'à Malines sont absolument rectilignes, légèrement monotones. Cependant, la pluie n'est plus là, et le ciel est à présent bien dégagé. 

Le terme du parcours du jour, Malines, est une belle ville flamande, dominée par une cathédrale imposante. L'archevêque de Bruxelles est en fait à la tête de l'archevêché de Bruxelles - Malines. Il est assurément bien logé, même si le bâtiment ne doit pas être facile à chauffer.

Sur la place de la cathédrale, ma famille organise une petite cérémonie pour le vainqueur (et unique participant) de cette demi-étape. Notez la peluche de lion qui s'accommode si bien au maillot - coupe-vent jaune.

Bilan de la journée : 87,2 kms et 654 m de dénivelé positif. On passera rapidement sur la moyenne horaire (17,3 km/h), que l'on imputera au parcours fortement urbain, et aux erreurs de pilotage qui font perdre du temps à retrouver le bon chemin.

Mon anniversaire

Nous retournons en fin d'après-midi à notre appartement d'Uccle, où un bon bain chaud me permet de me retaper. C'est le moment de célébrer mon soixantième anniversaire : un bouchon de champagne saute, et je suis comblé de cadeaux : un pull "Tour de France", une veste anglaise très chic, et la promesse d'un séjour prochain à Vérone pour entendre un opéra dans les arènes. Merci, merci, encore merci.

 

 

 

 

 

Nous poursuivons la soirée dans un restaurant du centre de Bruxelles, "Chez Patrick", tout près de la brasserie d'hier. Dans une ambiance très chaleureuse, nous essayons les spécialités du pays : liquides (bière, genièvre) et solides (carbonnade flamande, rognon, jambonneau). Au total, un départ réussi pour ce Tour de France 1958.

Deuxième partie (dimanche 4 février) : Malines - Gand

A l'heure où la jeune génération dort encore (il est vrai qu'ils sont rentrés à l'appartement plus tard que nous), Nicole m'emmène à Malines pour poursuivre la première étape du Tour de France 1958.

Je m'élance à 9 heures 30 avec un ciel dégagé, mais dans une ambiance frisquette (zéro degré à la sortie de Malines). Après 12 kilomètres, je franchis l'Escaut à Willebroek : ce fleuve et les canaux adjacents accompagneront mon périple aujourd'hui et demain.

Au bout d'une trentaine de kilomètres, j'arrive à Termonde. Mon trajet évite le centre ville, aussi je fais un détour pour apercevoir la place centrale. A ce moment, une fanfare passe, dont en ce dimanche matin je suis le seul spectateur. Est-ce la coutume de réveiller la population ainsi ?

 

 

 

 

 

 

La route continue jusqu'à Alost, au cinquantième kilomètre environ du parcours du jour. Sur la place centrale, je me restaure dans une "baraque à pâtes". Le patron, un bruxellois qui parle parfaitement français, à qui j'expose mon entreprise cycliste, m'apprend qu'Alost est la ville natale de Lucien Van Impe, le vainqueur du Tour de France 1976.

Lucien Van Impe s'est reconverti en créant un magasin de cycles qui existe encore aujourd'hui. Il est aujourd'hui âgé de 71 ans, et c'est sa fille qui tient le magasin. Respect au grand champion !

 

Je reprends la route qui est très plate jusqu'au-delà de Ninove, frisant la monotonie. Mais je voudrais souligner une chose : l'équipement remarquable de la Belgique en pistes cyclables. Toutes les routes en sont bordées, tantôt d'un seul côté, le plus souvent des deux. Certes elles ne sont pas toujours idéales, le revêtement est parfois rugueux, ou détérioré, ou humide. Mais il y en a partout, même au bord de routes à 2 x 2 voies. A défaut de lui rendre le voyage toujours agréable, cela offre au cycliste une totale sécurité. Notre pays pourrait en prendre de la graine !

Au 75ème kilomètre, la route oblique au nord-ouest, et devient plus accidentée dans la campagne flamande. J'enchaîne une série de côtes, chacune de 50 à 100 mètres de dénivelé. Le trajet passe par la jolie ville de Zottegem. Comme le montre la photo, le temps est mitigé mais plutôt beau, à l'image de l'ensemble de la journée.

 

 

 

 

Encore une quarantaine de kilomètres, et c'est l'arrivée à Gand, au bord d'un bassin, le Watersportsbaan, long de deux kilomètres, qui sert aux adeptes de l'aviron. En face, la maison du sport, devant laquelle est prise la photo de l'arrivée, avec la peluche au lion bien entendu.

La journée se termine dans un appartement en plein centre de Gand. Paul et Priya sont encore avec nous, mais Léa est déjà rentrée à Paris.

Gand est une ville superbe. Capitale des Flandres au moyen-âge, puis redessinée par les Espagnols qui l'occupèrent jusqu'au XVIIIème siècle (Charles Quint y naquit en 1500), elle regorge de châteaux, d'hôtels particuliers et d'églises.

Située au confluent de l'Escaut et de la Lys, elle est parcourue de nombreuses voies d'eau.

Et pour ne rien gâcher, on peut y manger très correctement. Ci-dessous, une autre spécialité flamande : le waterzoi de poulet.

Bilan de la journée : 122 kilomètres et 517 mètres de dénivelé. La moyenne horaire s'est améliorée depuis hier : 19,4 km/h.

Au total, une première étape du Tour de France 1958, achevée dans les meilleures conditions physiques et mécaniques, et sous une météo qui va indubitablement vers le mieux.

Et en 1958...

Cette première étape était marquée par des chutes, qui impliquaient notamment Jacques Anquetil et Jean Forestier. Une échappée de quatre hommes s'étaient formée, et trois d'entre eux arrivaient détachés sur la ligne d'arrivée, le peloton les suivant avec un retard de 1'15''. André Darrigade l'emportait au sprint, et enfilait le maillot jaune.

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J
Bonjour !<br /> Ca, c'est un bel anniversaire et un beau début pour un Tour de France 1958. Vive la Belgique...
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A
Merci beaucoup. Oui on peut passer de bons moments à vélo en Belgique.